Dans le monde de l’investissement, certaines actions attirent l’attention par leur histoire mouvementée. L’action Orpea, devenue Emeis, en est l’exemple parfait. Ayant suivi de près l’évolution de ce dossier depuis plusieurs années, je constate que peu de titres ont connu une telle montagne russe. Avant d’envisager un placement dans ce groupe, une analyse approfondie s’impose pour tout investisseur prudent, qu’il soit novice ou expérimenté. La question reste entière : faut-il aujourd’hui acheter l’action Orpea/Emeis ?
La restructuration d’Orpea : un nouveau départ avec Emeis
Le groupe Orpea a traversé une tempête sans précédent suite au scandale déclenché en 2022 par la publication du livre « Les Fossoyeurs ». Les révélations concernant des pratiques de maltraitance des résidents et de détournements financiers ont provoqué un effondrement brutal du cours de l’action, passant d’environ 80 euros à moins de 20 euros en quelques semaines.
Face à cette crise majeure, une restructuration financière profonde a été mise en œuvre pour sauver le groupe. Cette opération a permis de réduire la dette de 1,55 milliard d’euros, accompagnée d’une augmentation de capital significative. Les actionnaires historiques ont subi une dilution massive avec la création de 64 milliards de titres, tandis que de nouveaux investisseurs entraient au capital.
L’entrée de l’État français via la Caisse des Dépôts (à hauteur de 3,23%) constitue un élément notable de cette restructuration. D’autres investisseurs institutionnels comme la MAIF, la MACSF et CNP Assurances ont également pris position. Ce changement d’actionnariat s’est finalisé en février 2024 avec la prise de contrôle effective par ces nouveaux acteurs et le changement de nom en Emeis, marquant symboliquement un nouveau départ.
Le groupe a également engagé un recentrage géographique ambitieux, avec un plan de cessions d’actifs atteignant 916 millions d’euros. Sur un objectif global de 1,5 milliard d’euros, 251 millions d’euros de cessions immobilières et opérationnelles ont déjà été réalisés. Ces mesures visent à rationaliser le portefeuille d’actifs et à concentrer les efforts sur les marchés stratégiques.
À la date du 11 août 2025, le cours de l’action s’établit à environ 13,45 euros après un regroupement d’actions, pour une capitalisation boursière d’environ 2,17 milliards d’euros. Cette valorisation reste bien inférieure aux niveaux historiques, reflétant les incertitudes persistantes quant à l’avenir du groupe.
Analyse des risques et opportunités d’investissement
L’investissement dans l’action Orpea/Emeis présente un profil de risque particulièrement élevé que j’ai pu observer tout au long de ma carrière. Comme pour les personnes en situation financière précaire qui peuvent s’informer sur les critères d’éligibilité au RSA en 2025, il est essentiel d’analyser minutieusement sa situation avant de s’engager.
Les principaux risques identifiés sont :
- Un endettement encore très élevé avec un ratio dette nette/EBITDA autour de 8x (deux fois le seuil considéré comme raisonnable)
- Des risques réglementaires et juridiques persistants avec des enquêtes toujours en cours
- Une perte de confiance des familles et des autorités impactant le taux d’occupation
- Une volatilité extrême du titre avec des variations journalières pouvant dépasser 20-30%
- Un risque de dilution supplémentaire si de nouvelles augmentations de capital s’avéraient nécessaires
Côté opportunités, plusieurs facteurs méritent attention :
Le vieillissement démographique constitue un puissant moteur de croissance structurel. Avec une augmentation prévue de 60% des plus de 75 ans d’ici 2030, les besoins en hébergement spécialisé devraient croître significativement. Les projections indiquent un besoin supplémentaire de 108 000 places en EHPAD d’ici 2030 et de 211 000 d’ici 2050.
La présence internationale du groupe, avec plus de 1000 établissements répartis dans 22-23 pays, offre une diversification géographique intéressante. Cette implantation mondiale permet de réduire l’exposition aux risques réglementaires spécifiques à certains pays et d’exploiter des opportunités de croissance, notamment en Asie où la demande en soins de longue durée progresse rapidement.
Évaluation financière et perspectives d’avenir
Les performances financières récentes montrent des signes de stabilisation, mais demeurent sous pression. Le chiffre d’affaires 2023 s’est établi à 5,2 milliards d’euros, avec une prévision de 5,65 milliards pour 2024, représentant une croissance organique de 8,3%. Pourtant, les indicateurs de rentabilité restent préoccupants.
Indicateur | 2023 | 2024 (prévisions) |
---|---|---|
Chiffre d’affaires | 5,2 milliards € | 5,65 milliards € |
EBITDAR | 696 millions € | 740 millions € (révisé à la baisse) |
Taux d’occupation moyen | – | 85,6% (9 premiers mois) |
Bénéfice par action | – | -2,34€ (prévision) |
Les avis des analystes restent majoritairement négatifs. Sur 8 analystes suivant le titre, 6 recommandent de « vendre » ou de « sous-pondérer », 1 est neutre et seulement 1 conseille d' »acheter ». L’objectif de cours moyen à 3 mois s’établit à 11,40 euros, suggérant un potentiel de baisse de 12,24% par rapport au cours actuel.
Les prévisions de bénéfice par action restent négatives pour les prochaines années : -2,34€ en 2024, -1,50€ en 2025, et -0,86€ en 2026. Cette trajectoire indique une amélioration progressive mais lente de la situation financière du groupe.
Pour les investisseurs intéressés, quelques éléments techniques sont à considérer :
- L’action est éligible au PEA, offrant des avantages fiscaux après 5 ans de détention
- Le code ISIN actuel est FR001400NLM4 (anciennement FR0000184798)
- La cotation se fait sur Euronext Paris, au sein de l’indice SBF 120
- Le risque ESG est évalué à 24,5/100 (niveau moyen)
En tant qu’investisseur averti, je considère que l’action Emeis (ex-Orpea) reste un placement hautement spéculatif. Si vous souhaitez vous positionner, limitez votre exposition à 1% maximum de votre portefeuille diversifié. Pour ceux qui détiennent déjà des titres en forte perte, les stratégies dépendent de votre horizon : patience possible pour les investisseurs de long terme, sortie progressive recommandée pour ceux ayant besoin de liquidités à court terme.